Préfiguration d’une œuvre complète, pulsion d’archive: Le cas de Lucio V. Mansilla

Abstract

Les publications de Lucio V. Mansilla dans la presse ont, de par leur profusion et leur dispersion, nourri l’idée (consolidée parmi les historiens et les critiques du début du xxe siècle, et renforcée d’une certaine façon par la perte à plusieurs reprises de la part de l’auteur de ses propres matériaux) qu’il était impossible de réunir son œuvre, voire inutile. La pulsion d’archive traverse néanmoins son œuvre : matériellement, du fait de sa pratique de l’édition et de l’écriture comme prise de notes ; dans son imaginaire, de par son intuition d’une écriture en tant que technologie de mise en archive ; idéellement, de par la conception de ses causeries en tant que « monument archéologique ». Je propose ici de lire ces trois dimensions de l’archive dans l’écriture de Mansilla. Le cadre de cette lecture est fourni à la fois par les diverses tentatives de Mansilla de « réunir » ou de « compiler » sa production éparse et de l’articuler dans la suite de ses livres connus et par son ironique réflexion tardive sur les possibilités d’édition de ses œuvres complètes.

La profusión y dispersión de las publicaciones de Lucio V. Mansilla en la prensa alimentaron la idea (consolidada entre historiadores y críticos en el temprano siglo xx y de algún modo reforzada por la periódica pérdida de materiales por parte del autor) de que la reunión de su obra completa era imposible e inclusive innecesaria. La pulsión de archivo, sin embargo, atraviesa la obra de Mansilla: materialmente, en la práctica de edición y en la práctica de la escritura como anotación; imaginariamente, en la intuición de la escritura como tecnología de archivación; idealmente, en la concepción de sus causeries como «monumento arqueológico». Propongo aquí una lectura de estas tres dimensiones del archivo en la escritura de Mansilla. El marco de la lectura está dado tanto por los diversos intentos de Mansilla de «reunir» o «recopilar» su producción dispersa y de articularla junto con sus libros conocidos como por su tardía e irónica reflexión sobre las posibilidades de edición de sus obras completas.