Le travail reproductif des ouvrières en lutte en France et en Argentine dans les années 1968

Abstract

Le concept de « travail reproductif » s’est trouvé popularisé en France avec les premières traductions de Silvia Federici3 et notamment avec des études récentes où elle analyse le caractère patriarcal du capitalisme4. Mais surtout, il est approprié plus largement à l’occasion de la crise sanitaire mondiale et dans un contexte de mobilisations féministes massives mettant en œuvre la stratégie de la grève féministe : articulant travail domestique et travail professionnel, tandis que les Théories de la Reproduction Sociale se trouvent appropriées mondialement et notamment en France et en Argentine5. Cependant, si l’on affine encore, la réception du concept en France s’opère dans les milieux militants et académiques, son usage reste encore marginal tandis qu’en Argentine, l’appropriation du concept se fait plus massivement du fait de l’ampleur de la contestation féministe.Cette conceptualisation permet de penser sous la forme d’un continuum le travail qui favorise la reproduction de la vie, dans sa dimension domestique d’une part, dans le cadre du travail domestique, et dans sa dimension professionnelle d’autre part, dans le cadre des métiers dits du care. Ce continuum permet d’expliquer la déqualification qui s’opère dans ce type de métiers et la dimension internationale de la division sexuée du travail que les rapports sociaux de classe, de race et de sexe alimentent. Autrement dit, la prise en charge du travail reproductif s’effectue, comme le travail productif, à l’échelle internationale et au niveau national, on assiste non seulement à une division sexuée du travail, mais aussi raciale car il est pris en charge par un nombre chaque jour croissant de femmes migrantes, immigrées ou racisées, entre autres.