Zur Kritik der Gewalt et Tractacus Logico-Philosophicus: Critique de la violence, Philosophie du langage et Histoire naturelle du droit

Abstract

2021 correspond à l’année du centenaire de la publication de l’essai benjaminien et du Tractatus Logico-Philosophicus de Wittgenstein, association qui à notre connaissance n’a pas été évoquée par l’immense masse critique d’exégèses et d’études critiques relatives à ces deux textes et parues entre le siècle dernier et aujourd’hui. Cependant, ce qui réunit ici ces deux textes au-delà de la simple date et qui est décisif dans l’essai de Walter Benjamin, c’est la philosophie du langage.Il y a un point tractarien bien connu à la fin du Tractatus qui est le silence, au cœur de sa dernière proposition : « Wovon man nicht sprechen kann, darüber muß man schweigen » (TLF, VII). Ce silence, comme nous le savons, n’est pas simplement négatif et passif, mais en outre il montre et ouvre pour Wittgenstein la région située au-delà de l’objectivable, c’est-à-dire, la zone de l’irreprésentable et de l’incalculable, ce qui, pour l’auteur du Tractatus est propre à l’éthique, à la volonté et à la mystique. Chez Walter Benjamin, cependant, la limite qui dans Zur Kritik der Gewalt (ZKdG) sépare les eaux entre la région du droit comme sphère mythique de ce qui est représentable, et la région de la justice comme sphère de l’éthique et du divin, doit être pensée à partir de la philosophie du langage qu’il a élaborée entre 1916 et 1923, à travers ses deux textes essentiels sur ce sujet : Über Sprach überhaupt und über die Sprache des Menschen (GS II.1, 140-157) et Die Aufgabe des Übersetzers (GS IV.1, 9-22)…