Le Cens caché en Amérique latine: La circulation internationale des problématiques et la sociologie des rapports inégaux au politique

Abstract

Le Cens caché est sans doute un des ouvrages majeurs de la sociologie politique française. Publié en 1978, cet ouvrage de Daniel Gaxie offre une analyse fine des variations sociales de la politisation dans les démocraties occidentales. Il montre, parmi tant d’autres choses, que la classe sociale, par la voie du capital culturel et de la compétence politique qu’il implique, détermine l’intérêt pour la politique et la participation à des activités socialement définies comme politiques. Cette approche sociologique des faits politiques réhabilitait ainsi l’esprit des études classiques de la science politique étatsunienne, notamment la littérature inscrite dans la tradition de The People’s Choice (Lazarsfeld, Berelson et Gaudet, 1944), et son résumé souvent cité : « nous pensons politiquement en fonction de ce que nous sommes socialement ». En dépit de la critique sévère de la sociologie critique à l’entreprise lazarsfeldienne (Pollak, 1979), son approche préfigurait la réflexion française sur le rapport inégalitaire au politique, qui est si caractéristique des travaux de D. Gaxie. C’est autour de cet auteur que des outils et des catégories qui étaient en train d’être forgées par la sociologie critique ont permis de préciser la portée sociale des résultats d’enquêtes quantitatives, en leur conférant de la profondeur conceptuelle...