La sécurité privée en Argentine: Entre surveillance et marché

Abstract

Comment expliquer que des marchés se mettent en place dans un secteur de la vie sociale dont l’Etat revendique le traitement monopolistique ? En d’autres termes, quelles sont les conditions sociales qui permettent l’émergence et le développement d’un système d’échanges marchands autour des services de sécurité ? Cette interrogation renvoie à la fois à une discussion sur les transformations des dispositifs de prise en charge de la « fonction de sécurité » dans les sociétés contemporaines et à une interrogation systématique sur la genèse et le fonctionnement des marchés. La première partie de l’étude est consacrée à l’industrie de la sécurité privée. L’évolution générale du secteur, les caractéristiques du management de ces entreprises et celles des agents de sécurité, et les pratiques de production des services, sont abordés dans les quatre chapitres qui la composent. La deuxième partie décrit les marchés qui se constituent au travers du rapport qu’entretient cette industrie avec sa clientèle : la production et la valorisation du capital social et du capital symbolique des entrepreneurs, les interactions entre l’offre et la demande sur des marchés parcellisés, les besoins de protection et les pratiques de consommation des clients, sont successivement abordés. La troisième partie analyse plus généralement les conditions économiques, sociales, politiques et culturelles qui participent concrètement à la production sociale des marchés de la sécurité, soit en tant que causes, soit en tant que contextes de signification. Les transformations structurelles du capitalisme et les conditions sociales d’existence des groupes sociaux, l’émergence d’une vision organisée autour de la notion d’« insécurité », les transformations de l’Etat, de la fonction policière et des délits, sont successivement mis en perspective du point de vue de leur contribution à la mercantilisation de la sécurité.