La part du transnational dans l’Action française post-68

Abstract

La portée internationale de l’Action française (AF), son impact en dehors de l’univers politique et intellectuel français, a été analysée dans différents livres, articles et ouvrages collectifs.2 Si l’influence d’une telle organisation et de sa tradition intellectuelle s’est réduite peu à peu, tant en France qu’à l’étranger, cela vaut tout de même la peine de souligner que le maurrassisme a inspiré d’autres nationalismes et courants de droite,3 en particulier dans la première moitié du siècle passé. Cependant la question de la lecture de la politique internationale faite par cette fraction du nationalisme français et celle des liens concrets qui ont produit des effets, interactions et récupérations sélectives, sont des thématiques beaucoup moins explorées. Il faut reconnaître en effet que l’AF a érigé de manière rigoureuse une tradition nationaliste hexagonale en manifestant un désintérêt relatif pour la création de réseaux transnationaux, caractéristique qui n’est pas partagée par d’autres espaces de la droite radicale française.4 Une telle thématique est loin d’être inexistante. La présente contribution se propose de retracer quelques interactions transnationales royalistes intervenues en particulier à partir de la fin des années 1960, au moment où s’établissent les bases d’un changement organisationnel qui donne progressivement naissance à différentes crises émergentes dès les premières années de la décennie suivante. La dispersion schismatique de l’AF et la mutation que le phénomène militant a connue ces dernières décennies n’ont pas empêché la prolifération d’espaces partagés de militantisme royaliste dans lesquels se sont reconnus beaucoup d’acteurs qui s’étaient formés à l’AF, parvenant à créer des formes partielles de continuité militante. La question de la part de l’étranger dans ce processus de dispersion/mutation organisationnelle structure l’analyse suivante puisque cette adoption du transnational permet l’élaboration de processus spécifiques au royalisme français.